Le feu crépite au sein de la forge. Le martelage rythme le travail de l’atelier. D’ici quelques heures, une lame brute de forge naîtra de ce bloc d’acier 90MCV8. Entre-temps, le coutelier forgeron aura minutieusement respecté les étapes traditionnelles : chauffe, mise en forme, recuit, trempe, revenu et émouture. L’art de la forge a toujours accompagné la coutellerie. Il participe d’un savoir-faire qui remonte à des millénaires. Les techniques de forge en coutellerie traversent le temps sans que les lames ne prennent une ride. Associés à un manche en Morta, les couteaux forgés réunissent deux éléments fondamentaux : la Terre et le feu. Voici comment !
L’art de la forge coutelière : un geste qui transcende le temps
Depuis l’Antiquité, la forge façonne les outils tranchants (couteau de chasse, de cuisine ou armes). Pour autant, dès la préhistoire, les hommes chauffent et martèlent le métal pour lui donner la forme souhaitée. Au moyen-âge, les forgerons personnalisent les couteaux selon la classe sociale. Les paysans utilisent des couteaux simples pour des tâches pratiques. La noblesse préfère des lames ciselées, symboles de richesse et de statut. La forge inclut alors l’esthétisme.
En France, la tradition coutelière voit le jour à partir du XVe siècle. Puis, la révolution industrielle propose des nouveaux processus de forge qui permettent la production en série. Dès lors, la forge traditionnelle devient un métier d’art.
De nos jours, les couteliers allient le savoir-faire ancestral de la forge et les connaissances en métallurgie pour créer des couteaux d’exception, tranchants, solides et durables.
Toujours en quête d’innovation, la forge coutelière travaille les aciers bruts, inoxydables, les alliages ou le Damas. Le sens du geste reste intemporel : l’art de la précision pour une création artisanale de haute qualité.
Techniques de forge utilisées en coutellerie : entre marteau et enclume
Chaque forgeron ou coutelier choisit la méthode selon la forme recherchée et l’acier choisi.
Le forgeage libre se pratique au marteau sur enclume. Le geste reste maître : coups courts, contrôle du fil, rythme régulier. Le martelage permet d’étirer, d’affiner et de centrer la matière.
La presse ou le marteau-pilon servent quand la pièce demande répétition ou puissance. Ils accélèrent le geste sans remplacer l’ajustement manuel.
Le pliage et la soudure interviennent pour les lames Damas ou les constructions composites. Cette technique superpose, replie, soude puis retravaille la surface.
L’étirage et l’émouture grossière utilisent lime, backstand ou meule. Ces techniques dégrossissent le profil avant le traitement thermique.
Pour la trempe, le coutelier choisit la méthode adaptée : trempe totale, sélective ou traitement différencié du fil. Le revenu suit, au four, pour retrouver de l’élasticité.
Le polissage combine abrasifs mécaniques et passes manuelles. L’affûtage final se réalise à la pierre, à la coticule ou au cuir selon l’angle recherché.
Enfin, certaines finitions demandent des gestes traditionnels : brunissage, patine, ajustage du manche. Chaque technique de forge relie l’outil à la main qui s’en sert.
D’autres procédés existent : matriçage, extrusion, laminage à froid, estampage, frappe à froid, électro-refoulage. Ils ne sont pas utilisés dans leur forme industrielle automatisée pour la fabrication des lames de couteau artisanales forgées à la main. Certaines coutelleries utilisent des matrices avec marteau-pilon tout en conservant une approche artisanale.
Les grandes étapes du forgeage d’un couteau artisanal
Avant tout travail de forge, le coutelier enfile ses équipements de protection : lunettes, tablier en cuir, gants et, si nécessaire, protections auditives. Il s’assure d’une ventilation adaptée.
La chauffe de la forge
À l’aide de ses tenailles, le coutelier place son acier (90MCV8, 14C28N ou autres) au cœur de la forge pour le porter à température. Le contrôle thermique reste primordial tout au long du forgeage. La température idéale varie selon l’acier.
La mise en forme du méplat
Le forgeron crée un méplat correspondant à la section la plus large de la lame. Il étire et martèle l’acier jusqu’à obtenir la première forme désirée. Ensuite, il affine la pointe pour faire progressivement ressortir le tranchant.
Le recuit et la normalisation
Après le forgeage, le coutelier refroidit lentement l’acier, parfois toute la nuit dans la forge mourante ou quelques heures dans de la vermiculite : c’est le recuit. Cela assouplit l’acier et facilite le travail à la lime.
La normalisation intervient après le recuit et l’émouture grossière, juste avant la trempe. Elle consiste à chauffer l’acier à température de trempe puis à le laisser refroidir à l’air libre pour homogénéiser la structure et affiner le grain. Cette opération se répète plusieurs fois (trois en général) selon l’acier, éliminant ainsi les contraintes internes et préparant la lame à une trempe réussie.
La trempe
La trempe durcit l’acier par choc thermique. La pièce chauffée est rapidement plongée dans un milieu adapté (huile, eau ou air selon l’alliage et l’effet recherché).
Avant la trempe, les forgerons laissent toujours un léger surplus de matière sur l’émouture. Cela permet de corriger les déformations après le traitement thermique.
Le revenu (tempering)
Après la trempe, la lame passe au four pour le revenu, généralement entre 200 et 240 °C selon l’acier. Ce traitement réduit les contraintes internes et redonne de la ductilité. Comprenez : capacité du métal à se déformer sans rompre.
L’émouture et les finitions
L’émouture affine le travail de forge par abrasion (lime, backstand). Elle crée les plats et prépare le profil du tranchant. Le meulage qui suit efface l’aspect brut avant le polissage final. Ce dernier peut être miroir ou satiné selon le rendu désiré. La lame est alors prête pour l’affûtage final réalisé. Certains couteliers réalisent l’aiguisage avant le montage sur le manche, d’autres le font après.
Chaque artisan choisit le procédé adéquat selon l’acier utilisé et l’esthétique recherchée.
Avantages des couteaux forgés : la force d’une beauté authentique
Une lame en acier forgé, comme celles de la collection Morta Brut de forge, révèle l’acier dans toute son authenticité. Le forgeage garde la matière vivante et lui donne du caractère.
Le poids naturel de la lame améliore l’ergonomie. Il s’équilibre avec le manche en Morta pour une prise juste.
Le martelage et les cycles thermiques homogénéisent la microstructure du métal. La lame gagne en résistance et en tenue du fil. Résultat : un tranchant durable et une coupe précise.
La forge n’est pas une simple technique métallurgique, c’est un geste transmis. Ce savoir-faire ancestral inscrit chaque couteau dans une continuité d’histoire, de culture et de patrimoine. Acheter une lame forgée, c’est soutenir cet héritage artisanal.
L’entretien de l’acier forgé reste facile. Il suffit, après usage, d’un chiffon doux et sec pour essuyer la lame et préserver la patine du manche.
La forge dans la coutellerie JHP : la passion au cœur de la matière
Depuis bientôt 10 ans, nous réalisons le travail de la forge dans notre atelier Couteaux Morta au cœur de la Brière.

Jean-Henri (coutelier artisan d’art) ou Marco (coutelier passionné de forge depuis l’âge de 10 ans) place le bloc d’acier 90MCV8 dans la forge chauffée à 920 ° C. Entre le marteau et l’enclume, la matière prend lentement forme au fil de plusieurs allers et retours. Oui, la forge aussi respecte le temps nécessaire au maintien de la parfaite température. Le Morta a attendu 5 000 ans d’être extrait du sol de Brière, le métal peut bien patienter quelques heures.
Une fois forgé, un coup de marteau précis marque la future lame du logo Couteaux Morta.
Découvrez le couteau pliant préféré de Marco : le Morta pompe arrière.
Puis, l’acier refroidit le plus lentement possible jusqu’à revenir à température ambiante pour faciliter la manipulation à la main. 24 heures plus tard environ, le coutelier refait chauffer l’acier à 820 ° C avant de le tremper dans une huile technique spécialement prévue pour une parfaite qualité de la future lame.
Enfin, une fois le procédé de trempe terminé, les couteliers forgerons procèdent au traitement thermique. Ici, le réglage précis de la température et du temps assure la dureté et la ductilité optimales.
La lame Brute de Forge est désormais prête à rencontrer sa moitié : le manche en Morta. Ainsi liés pour l’éternité, ils forment un couteau fait de passion et de matières nobles. À eux deux, ils symbolisent l’union des éléments : la Terre et le feu.
(Les températures sont données à titre indicatif.)

Les techniques de forge en coutellerie requièrent des gestes précis pour un art exigeant. Entre patience et écoute des matières, le feu donne naissance à la lame, le bois, au manche. La main de l’homme, elle, crée le couteau, une pièce d’exception unique bercée par le temps et la passion de l’artisan.
Découvrez nos créations coutelières à lame en acier forgé.
Article rédigé par la plume affûtée de Christelle Lorant.🪶


