Chaque matin, sourire aux lèvres et baume au cœur, on retrouve dans notre coutellerie la même énergie. Celle qui pousse à créer, à transmettre, à défendre ce qui compte. Le couteau, bien sûr. Le Morta, toujours. Mais ce qui guide chaque geste, comme une boussole invisible, ce sont nos repères, que l’on garde chevillés au corps. Ils donnent une âme à chaque manche fabriqué, à chaque lame forgée ici en Brière.
Jean-Henri Pagnon, coutelier maître artisan d’art et fondateur de l’Atelier JHP, partage ce qui fait battre le cœur de l’équipe. Cinq mots : ancrage, transmission, responsabilité, exigence et joie.
Ancrage – L’obtention de l’Indication Géographique du Morta (et la lutte anti contrefaçon)
Le Morta, l’enfant de Brière
Raison d’être et cœur de notre entreprise, le Morta est à nos couteaux ce que le souffle est à la vie : l’évidence de l’essentiel.
J’ai découvert ce bois unique à mon arrivée en Brière. À l’époque, je m’étonne de l’absence de couteau régional. Puis la lecture d’Alphonse de Châteaubriant m’apprend qu’un trésor inestimable se trouve juste sous nos pieds.
Le Morta dort sous la tourbe depuis plusieurs millénaires. Chêne des marais de Brière, il a traversé les âges.
Le couteau Morta est né à l’instant où mes yeux se sont posés sur ce bois d’une si grande noblesse.
Seulement voilà, sa beauté et sa qualité attirent les convoitises. Comme par magie, fleurissent, comme des pâquerettes au printemps, des sites internet vendeurs de Morta. En réalité, ils vendent un chêne des marais, mais pas du Morta.
Car le terme Morta est spécifiquement briéron. De nombreuses études scientifiques, ouvrages littéraires et légendes attestent de son existence séculaire dans le vocabulaire local.
L’ABAM : Association Briéronne des Artisans du Morta
Depuis 2 ans, l’ABAM se bat pour obtenir l’indication géographique (IG). Dans cette longue et difficile croisade, elle est soutenue par ses fidèles et fervents partenaires :
- la Fédération Française des Indications Géographiques Industrielles et Artisanales (FFIGIA) et particulièrement sa secrétaire générale Audrey AUBARD et son président Fabrice DESCOMBES pour leur bataille acharnée dans la défense des IG ;
- le parc naturel régional de Brière (PNR) ;
- les services de la biodiversité ;
- la Commission syndicale de la Grande Brière Mottière).
Nous nous engageons, à travers un cahier des charges, à suivre des modalités très strictes d’exploitation (zone, méthodes et quotas d’extraction).
À travers cette adhésion, nous :
- prouvons le lien unique du Morta avec la Brière ;
- luttons contre le plagiat, la contrefaçon et le détournement de marque ;
- contribuons à sauvegarder le patrimoine culturel ;
- développons l’artisanat local.
Le cahier des charges rédigé à cet effet reçoit même les félicitations de Philippe Huppé, chargé de mission ministérielle.
À ce jour, une IG se réfère à une région (le sel de Guérande, la dentelle de Calais). Or, obtenir l’indication du « Morta de Brière » n’empêcherait en rien les sites peu scrupuleux de vendre du Morta de Pologne ou Morta de « n’importe où ». Le consommateur, malheureusement, n’y verrait que du feu. Nous attendons de pied ferme une prochaine loi qui devrait résoudre ce problème.
De plus, cette reconnaissance mettrait la Brière en lumière, soutiendrait son économie et, espérons-le, donnerait envie à une nouvelle génération d’artisans de se lancer dans le travail du Morta.
Cette bataille pour l’IG s’inscrit dans un engagement plus large : celui de préserver un patrimoine vivant.
La lutte continue, les amis.🔪
Transmission – Le patrimoine vivant : qualité et tradition
Chaque geste du coutelier JHP respecte cette exigence de transmission et de qualité, que le label EPV est venu reconnaître.
Travailler le Morta, prendre soin de la Brière et de son écosystème, transmettre notre savoir aux jeunes générations, autant d’actes quotidiens qui incarnent notre héritage artisanal. À ce titre, nous avons eu l’immense honneur de recevoir le label EPV en mars 2025. Après une expertise approfondie de l’atelier et deux ans de procédure, le préfet de région nous a décerné cette distinction dont nous sommes très fiers.
Préserver un patrimoine, c’est aussi choisir de produire localement avec des partenaires de confiance.
Le Morta vit et vivra encore longtemps.🔪
Responsabilité – Notre engagement pour le Made In France : l’implication de tous
Promouvoir le Made In France devient de plus en plus difficile, car acheter français coûte plus cher pour le consommateur. Les productions, asiatiques notamment mais seulement, atteignent une qualité presque comparable. Je dis bien « presque », précise Jean-Henri, mais la nuance ne suffit pas toujours face à l’appel légitime du portefeuille.
La responsabilité incombe alors à nos valeurs profondes : durabilité du produit, innovation, créativité, SAV et relation client, soutien de l’emploi dans l’Hexagone, etc. C’est pourquoi nous privilégions toujours des partenaires français.
En 2022, au Salon du Made In France, la reconnaissance vient de vous tous puisque nous remportons le grand prix du public.
Derrière chaque pièce fabriquée ici, il y a plus qu’un engagement : il y a l’exigence d’un métier d’art.
Lutte économique et humaine acharnée : notre pays en vaut la peine, ne croyez-vous pas ? 🔪
Exigence – Coutelier maître artisan d’art : un défi permanent
À l’atelier JHP, la reconnaissance du titre de maître artisan d’art n’est pas une récompense. C’est une boussole.
Inventivité, remise en question permanente et passion pour la coutellerie conduisent chaque jour l’équipe de l’Atelier JHP vers la recherche ultime de la perfection et de l’excellence. La joie de voir trembler les mains de nos visiteurs quand ils effleurent le Morta, l’émotion de regarder leurs yeux briller au moment où ils décident du modèle qui deviendra Leur Couteau. Mais aussi, le plaisir de transmettre notre savoir aux jeunes générations pour que ces gestes ancestraux demeurent.
Bref, notre amour du métier de coutelier nous permet de remplir les quatre conditions pour officiellement porter le titre prestigieux de maître artisan d’art :
- un savoir-faire reconnu ;
- un haut degré d’exigence dans l’exercice de notre profession ;
- une contribution au patrimoine immatériel ;
- l’exercice d’un métier d’art.
La coutellerie d’art, la créativité au service du Morta. 🔪
Et si vous nous rendez visite, vous verrez tout de suite que cette exigence n’empêche pas la joie.
Joie – La bonne humeur : la partenaire inséparable des couteliers
Puisque nous parlons de valeurs, n’oublions pas celle qui nous soutient chaque jour.
Même quand il s’agit d’extraire un tronc de plusieurs centaines de kilos sous la pluie et dans le froid, même quand les cadences s’accélèrent pour répondre aux commandes du père Noël, même quand le nouvel atelier se fait attendre, une chose ne disparaît jamais, c’est notre bonne humeur.
Oui, nous rions. Oui, nous chambrons Adeline quand elle s’effraie d’une araignée. Oui, tous rient de moi si je bégaie en enregistrant une story.
Le rire est le plus court chemin d’un homme à un autre.
Charles Wolinski (1934-2015)
Voilà, les amis, ce sont ces valeurs qui nourrissent chacun de nos gestes. Elles transforment un simple couteau en engagement profond. Mais, venez donc flâner en Brière, poussez la porte de notre atelier, et vous comprendrez à quel point le jeu en vaut la chandelle.
Force & Honneur les amis 🔪
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